Ecrire des vers à vingt ans, c'est avoir vingt ans.
En écrire à quarante, c'est être poète.
Francis Carco

La musique au coeur


Un jour
Renée VIRLOGEUX BORON


y

Un jour,
Je volerai sur les ailes des oiseaux
Un voyage en multicolore
Et je demanderai aux étoiles
"Acceptez-moi, je suis le do
De votre future partition
Je serai ni ré contrarié
Ni mi fâché
Et si mon fa s'envole
Pour rejoindre le sol
Alors, là, je lâche le la
Le si montera en gamme
Et do dissipera les nuages".
Un jour...


© Renée VIRLOGEUX BORON


Renée Virlogeux Boron (1939-aujourd'hui)
Renée Virlogeux Boron s'adonne à la poésie pour son plaisir et écrit aussi des nouvelles. Elle travaille la terre aux Ateliers d'Art de Château-Thierry. Elle aime également peindre et a pris quelques cours de calligraphie. Elle a ouvert une petite bibliothèque dans sa commune qui compte 83 habitants. C'est avant tout le plaisir de se rencontrer, d'échanger et... de jouer aux cartes.
Autres textes :
O, Dieux du ciel [posté le 17/03/2023]
Si [posté le 25/01/2023]
Sur le piano [posté le 11/01/2023]



Symphonies
Claude DUSSERT


y

Dans sa tête résonnent des sons polyphoniques
Si comme le dit Haydn il est homme à deux têtes
Sa musique se veut joyeuse et héroïque
Il se sent investi d’une insondable quête.


Dans sa tête s’impriment des portées, du tonnerre
On le dit prisonnier de nombreux cornements
Mais sa musique éclate n’en déplaise à Krutzer.
Les critiques acerbes l’avaient effrontément

 

Voué aux gémonies. Quand Vienne fut privée
Du génie de Mozart, ses notes, ses arpèges
Le mirent au firmament de la célébrité.

 

Personne ne connut les étranges tourments
Les tortures infligées qui sans cesse l’assiègent
Il nous lègue son œuvre, une œuvre de titan.

 

Quelle est cette musique qui ronge ses oreilles ?
Magicien du clavier il n’entend que caquets
Les discours son pour lui qu’aléas de querelles

 

Quel est ce sifflement qui sape ses tympans ?
Ses symphonies s’effacent dans un monde muet
Ô muses ! Ses arpèges ont de tristes accents.


© Claude DUSSERT


Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie.
Autres textes :
Charles B...
Saisons 
Ardèche 
Océan



Magique musique
Tony RICHARD


y

Au bout des boomers pour faire passer les heures
Dans des tempos variés elle invite à bouger.


Les yeux fermés pour mieux savourer
Les notes accordées aux paroles chantées.


Sur une move endiablée sous des musiques rythmées
Les feux des projecteurs amplifient la chaleur.


D'une lambada aux saccades d'un cha-cha
On ne pense qu'à danser dans la gaieté branchée.


De l'élégance d'un tango à la cadence d'un mambo
Le tempo ouvre la danse quand la musique s’élance.


Elle caresse et transperce de sa folle magie
Chassant la nostalgie qui parfois nous berce.


Le cœur s'en ravit se laissant envoûter
De mélodies scandées qui lui donnent le tournis.


Les sons de la sono parfois en trémolos
Pour une danse en solo ou parfois en duo.


La musique dans ses tonalités dansée ou écoutée
Sera comme un bouquet un moment apprécié.


© Tony RICHARD


Tony Richard (1950-aujourd'hui)
Né à Coblence d'un père militaire et d'une mère bretonne, Tony Richard a d'abord exercé le métier de pâtissier pendant une vingtaine d'années puis a été enseignant pendant 30 ans. Une carrière bien remplie pour ce voyageur qui a sillonné la France, de Paris à Cagnes-sur-Mer en passant par Boulogne, Limoges et bien d'autres contrées. Il a également voyagé en Chine et au Japon. Ecrivain sur le tard et passionné de poésie, il a publié plusieurs recueils, à découvrir sur son blog.
Du même auteur :
Noël d'antan
Liberté je t'ai aimée 
L'amitié
Son blog : → https://pourvouslesfemmes.com/



La 7ème symphonie (Beethoven)
Raymond BOURMAULT


y

C’est la vie, vivante, calme, reposante, apaisante.
Puis orageuse, ciel colère et cœur tremblant.
C’est la nature, printanière s’offrant aux bourgeons,
Aux fleurs, aux oiseaux, aux tendres nuages.
 
L’impérial soleil vernissant le tout.
Dans une atmosphère légère comme un matin tendre et somptueux.
 
Puis les giboulées, les averses.
Les chemins de traverse pour devancer la catastrophe.
C’est l’abri sous le toit où chante la pluie.
C’est le thème qui rassure et revient
Comme un cher ami un copain.
 
La musique qui enveloppe, transporte, séduit,
Dans un univers, hors de la terre et de la gravitation !
Est-ce beau agréable, délicieux, attrayant, divin ?
Enfin Je croirais en Dieu !
Bouche bée que dire ?
Nous sommes déjà parmi les anges
En un lieu étrange où la joie, la beauté, règnent en félicité !


© Raymond BOURMAULT


Raymond Bourmault
Amoureux des arts, Raymond Bourmault est artiste peintre et a obtenu le diplôme des Beaux Arts de Versailles. Après avoir travaillé dans l’informatique jusqu’à sa retraite, il se consacre désormais à sa passion artistique et s'adonne également à la poésie.
Autres textes :
Les arbres
La neige tombe drue
Ah ! Les baisers multiples
→ Sa page Facebook



Une chanson de France
Michel MIAILLE


y

La radio fait courir ses refrains étrangers
Et le temps qui s’en va file sur la même onde.
Une voix presque unique a recouvert le monde
Avec ses colporteurs et mille messagers.


Sur la terre uniforme où tous les usagers
Se doivent de tourner dans une même ronde
Et sous des cieux lointains, on la dit moribonde
Quand les mots du terroir ne sont que passagers.


Moi, je t’entends toujours et te reste fidèle,
A toi que j’aime tant et me sers de modèle
Quand le vil éphémère est souvent de rigueur.


Joli petit remède à la moindre souffrance,
Avec tes mots d’amour ou ton bel air blagueur,
Fais-nous toujours rêver, belle chanson de France.


© Michel MIAILLE


Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
Autres textes :
Voyage dans les Cévennes
Quand Noël sera là
De très bon matin
Ce qui dépend de nous



Quand frémit l'archet
Marie MINOZA


y

Aux cordes des violons quand frémit l’archet,
L’aurore se lève en notes d’éternité…
Les arpèges fusent en ruisseaux incessants
Sculptant les songes de désirs étincelants.

 

Aux murs de nos pensées, la mélodie mouillée,
S’écoule en larmes d’or sur nos soirées d’été…
Une averse de fleurs sur la terre s’épand,
Inondant de couleurs nos brumes d’océan.

 

Aux allées des souvenirs, les sanglots du vent
Imprègnent le firmament d’accords chatoyants…
L’adagio soupire ses bonheurs désertés,
Peignant les silences de touches mordorées.

 

Aux poutres de la vie, la musique suspend
En frêles guirlandes, les cadeaux de l’instant…
Le ciel s’étire en subtiles tonalités,
Captant l’éveil d’une sonate aux doux reflets.


Texte inspiré par cette peinture de Leonid Afremov (1955-2019)

© Marie MINOZA


Marie Minoza
Cette enseignante en école primaire a exercé dans les Deux-Sèvres puis dans la Vienne à Châtellerault. Tout au long de sa carrière, elle a aimé partager l’amour de la peinture, de la poésie et de la création avec ses élèves. Aujourd'hui à la retraite, elle partage ses écrits et ses créations d'images sur son blog. Tous les deux ans, elle contribue avec des amis poètes à la création d’un livre de contes et de poésies destiné aux enfants gravement malades… Elle participe également avec ses anciens collègues à un spectacle chorale, comédie musicale (création d'images et de montages power-point pour animer chants et mimes).
Autre texte : → Pétales de mots
Son blog : → https://marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.com/



Sur le piano
Renée VIRLOGEUX BORON


y

Je suis femme, stupidement femme
Par le cœur et aussi par l'âme
Je revois tes doigts sur le piano
Et les imagine frôlant mon dos.


Vous mon cher et trop vite disparu
Vous que j'ai à peine entrevu
Venez, venez baiser mes mains
Avant de prendre un autre chemin


La saison s'enfuit et se gomme
Mouvement hostile, voix de rogomme
Pas d'inquiétude, à tout je vais survivre.
Partition en errance par des vents ivres


Je danse au clair de lune automnal
Et je virevolte au vent matinal
Bel inconnu sur feuilles mordorées
Bel inconnu aux doigts d'éternité


Chaque matin, je vous appelais printemps
Vous étiez mon assurance, mon tourment
Voilà que vous vous nommez automne
Je trébuche sur notes qui tâtonnent.


Je suis femme, stupidement femme
Par le cœur et aussi par l'âme
J'ai revu tes doigts sur le piano
Qui chuchotaient : intermezzo


© Renée VIRLOGEUX BORON


Renée Virlogeux Boron (1939-aujourd'hui)
Renée Virlogeux Boron s'adonne à la poésie pour son plaisir et écrit aussi des nouvelles. Elle travaille la terre aux Ateliers d'Art de Château-Thierry. Elle aime également peindre et a pris quelques cours de calligraphie. Elle a ouvert une petite bibliothèque dans sa commune qui compte 83 habitants. C'est avant tout le plaisir de se rencontrer, d'échanger et... de jouer aux cartes.



Océan
Claude DUSSERT


y

Les rochers en dentelle me content les marées
Sur la plage encombrée de mil et un déchets
Les galets polissés et le verre dépoli
Font un collier de perles au clapotis de l’eau ;
Ce chant de cliquetis rythme le bruit des vagues
Emmusique le ressac de ce concert marin.


Les mouettes rieuses et quelques cormorans
Se moquent éperdument de la force du vent.
Quand l’océan rugit que le flot s’échevèle
Ballote les esquifs, avale les marins
Au milieu du fracas de lames assassines
Il digère les corps comme un gros intestin.


Alors,
L’écume qui volète a des relents d’amer
Elle tisse sur les corps un linceul éthéré.
À la pointe du Raz, la petite chapelle
Nous conte les histoires de tous ces oubliés.
J’y vais parfois le soir quand le temps le permet
Me souvenir qu’un jour est une éternité.


© Claude DUSSERT


Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles. Il a également remporté de nombreux prix de poésie.



Concert d'aujourd'hui
Roland MUHLMEYER


y

Sicilienne
Danse lente
Le brouillard tombe
Goutte à goutte
Note à note
Et toi
Tango à cinq
Tu t’en vas
Une note tombe
                              ténue sur un filet de feuilles mortes
Tes lèvres ton souffle
Ô souffrance
La chambre à côté de la mienne est vide
L’escalier craque comme une poutre trop sèche
Danse danse
Nocturne
                  tristemente
Molto cantabile
E pesante a tempo
Qui dira seulement
                                    un souffle
Une note ténue

Oh pardon si une larme tombe
Comme un brouillard
Goutte à goutte
Note à note
Le long de la gouttière
Entends-tu le bruit de son ruissellement.


© Roland MUHLMEYER


Roland Muhlmeyer
Roland Muhlmeyer est guitariste classique de formation. Il apprend le chant lyrique, deux matières qu'aujourd'hui encore il enseigne. Il se spécialise par ailleurs dans le chant grégorien, qu'il a également enseigné. Il a écrit des poèmes dans sa jeunesse qui ont paru dans quelques publications. Après un long repos poétique, il s'est remis à écrire. Il a le souci du rythme, des couleurs, des mots dans ses textes qu'il traite comme une partition de musique contemporaine.
Autres textes :
→ Valse 
→ Les bélandres quittent leur quai 



Chapeau l'artiste !
Michelle GRENIER

y

Homme de vive langue,
De chair drue
Sur le fil du vertige,
Tu danses, prince gitan
Mèche rebelle,
Tu brames la vie intense.
Fuyant les faux - semblants,
Les courbettes serviles,
Les singeries mondaines
Te font gerber.
Tu fracasses l’imposture
Regimbes contre tout carcan,
Adores la liberté libre.
Voix rauque qui tient toutes les routes,
Tu chantes en altitude
Un atome d’air pur.
Tu entres en piste, l’artiste,
Tête en l’air, tombé du ciel,
Fantasque et bondissant
Flamboyance diabolique
Dans tes yeux qui pétillent.
Champagne !


© Michelle GRENIER


Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → http://www.michellegrenierpoete.com/



Cavatine câline
Elea LAUREEN

y

Ecoutez, vous qui rêvassez
Assis à l'ombre de vos pensées
Entendez vous cette mélopée
En votre âme, flirter

 

Venue de l'univers et de ses trous de verre
Franchissant le mur du son en sa belle lumière
Portée par les vents de toutes les frontières
Elle murmure et s'infiltre dans l'air
A la source des rivières

 

Entendez vous cette mélopée
En votre âme, flirter
Le chant des siffleurs, colibris moqueurs
Au ballet des insectes butineurs

 

Rien n'est plus émouvant et mouvant
Que cette nature qui batifole
Aux vibrations d'un horizon grisant
Sur une folle farandole

 

Sous une pluie battante
Aux émois d'un cœur brisé
Foudroyé par l'orage, insolentes
Larmes perlées d'éternité

 

Tous sons confondus et mélangés
Claironnent d'une harmonique improvisée
Sans bémol, sur une note cristalline
L'inspiration se dévoile feutrine

 

Sur une "Sonate au clair de lune," (1)
Des quatre saisons (2) au vol du bourdon (3)
La valse des fleurs, (4) pure douceur
Sont souffles et divines impulsions
Pour une oreille et une plume !


(1) Beethoven
(2) Vivaldi
(3) Rimski-Korsakov
(4) Tchaïkovski
 

© Elea LAUREEN


Elea Laureen
Inscrite depuis peu sur les réseaux sociaux, Elea Laureen a découvert l'opportunité d'y publier ses créations, la poésie étant pour elle une véritable thérapie. Elle a publié deux recueils : Comme une évidence et Mon vol d'hirondelle.
Autres textes sur le site :

→ Ô femmes
→ Liberté chérie
→ A nos héros
→ En votre âme et conscience
→ La magie de Noël
Ses blogs :
https://elealaureen-poiesis.com
https://elealaureen.webador.be/
https://www.facebook.com/Elea.Laureen/



Orgue de Barbarie
Elisabeth BLANCHARD

y

Ce matin dans ma rue
Un petit air de fête
Une boite à musique est soudain apparue
Et voilà la guinguette…

Tourne la manivelle
S’échappe ritournelle
Les fenêtres s’animent
Et sourires s’impriment

Voyage atemporel
En un lieu informel
Moment d’anthologie
Et goût de nostalgie

L’orgue poursuit sa route
Emportant avec lui nos regrets et nos doutes
Notre enfance passée
Nos amours délaissées

La musique un instant
A chaviré nos rêves
Éclair à bout portant
Joli moment de trêve…

Mais l’air se fait lointain
Et de fait incertain…

 

© Elisabeth BLANCHARD


Elisabeth Blanchard
→ Sa page Facebook



Que musique le monde !
Mokhtar EL AMRAOUI

y

Il est des airs
Qui toujours nous accompagnent,
Dans ce long brûlant désert.
Ils libèrent de leur bagne
Nos pleurs et leurs flammes.
Ils essuient par de multiples notes et gammes
Toutes leurs heures de malheurs,
Leurres et horreurs !

Musique alors le monde,
Explosant en notes de fleurs,
Dans tous les tristes chemins et verres
Qui se remettent à chanter,
Danser, rire et aimer,
Oubliant regrets amers,
Mordantes douleurs et nostalgies,
Pris dans les tourbillons
D’enivrantes harmonies
Portés par d’entraînants refrains
En libres voix luisant de joie sans fin !

Musique alors le monde
En merveilleux oueds, rivières et mers,
Loin des fanges immondes,
Nous conduisant, des rêves de leurs ondes,
Vers les odes de nouveaux rivages
Généreux pour tous âges
Avec leurs chaudes mélodies
Allumées des tréfonds d’un oud, d’une guitare,
D’un violon ivres d’amour et de vie !
Leurs cordes dénouent la corde du désespoir
Et tout par magie redevient féerie !

Musique alors le monde
Et un immense soleil nous inonde
Même au creux des tonnerres qui grondent,
Dans les bras d’une pluie faite flûtes
Ou chaud abri d’un généreux luth,
Par les caresses d’une tendre neige,
Qui dans sa chute,
Danse en dunes,
Loin des trahisons et pièges,
Réveillant des milliers de joyeuses étoiles et lunes,
Couronnant de leur lumière tant de doux violoncelles.
Musique alors le monde,
Loin de toute violence, en paix d’arondes,
De toutes les radieuses couleurs de ses ailes !

 

© Mokhtar EL AMRAOUI


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/



D'où vient cette musique ?
Magali BRETON

y

D’où vient cette musique ?
Il s’agit d’un piano

Un air mélancolique

Au fascinant tempo

Une douce harmonie

Rompant ma solitude

Et cette nostalgie

Emplie d’ingratitude


Je plaque mon oreille

Contre ce mur tout blanc

J’attends comme la veille

Et les soirs précédents


Les notes en cadence

Traversent la cloison

Me jouant la romance

Qui évoque ton nom

Cette ode enchanteresse

M’élève jusqu’aux cieux

Emportant ma tristesse

Ainsi que tes adieux

Je me blottis alors

Dans sa douceur extrême

Ta voix dans cet accord

Revient me dire je t’aime


Ce texte a remporté le Prix d'Honneur -poésie néoclassique- au concours AMAVICA 2022 (Association des Amis de la Maison Vigneronne de Capestang)
 

© Magali BRETON


Magali Breton
Auteure-compositrice-interprète, Magali Breton est aussi comédienne, auteure de textes de chanson française dont ceux de son album intitulé « Regard de femmes » primé à Barbizon 77, lors du concours « La palette en chansons », avec pour parrain Bernard Sauvat. En 2019, elle se consacre à l’écriture d’une pièce de théâtre musical sur la vie et l’œuvre de l’artiste peintre Rosa Bonheur : « Les messagères de Rosa Bonheur ». Le spectacle est créé en 2020, avant d’être stoppé net par la crise sanitaire et la fermeture des salles de spectacle, avant de connaître un beau succès en tournée. Cette période se mue en une inépuisable source d’inspiration pour écrire un recueil intitulé « Les Covidiennes » édité en 2022. Elle choisit la poésie pour nous livrer des instants de vie en quelques vers et nous absorber dans l’intimité, la profondeur et l’exacerbation des sentiments. Elle fait appel à Muriel Pic, photographe, ainsi qu’à Patrick Carmier, pianiste compositeur, pour sublimer les textes par l’image et la musique. Cela donne naissance à un nouveau spectacle.
Autres textes :
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site : → Les Messagères de Rosa Bonheur
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/lelienparlart
Sa chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/UC6zEpDLSwB9-zqZok3H72BA



Il y a la musique
Jean-Charles PAILLET

y

Il y a la musique

et notre étreinte

qui tourne

dans le vif

des mains

 

La sensualité

d’une mazurka

et tes seins

frôlent mon torse

 

parfois comme un aveu

parfois comme un secret

toujours le vertige


© Jean-Charles PAILLET


Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa page Facebook



De la musique avant toute chose
Denise DODERISSE

y

De la musique avant toute chose
Et ses notes en vrilles serrées
qui glissent sur le fil des idées
sur la pointe des cœurs trop moroses
 
Vois là les croches et double croches
Qui escaladent blanches et noires
Les triple croches crient leur espoir
d'opérer une subtile approche
 
Toutes virevoltent en un ballet
où grâce et harmonie se marient
en intense fantasmagorie
Elles s'égrènent comme chapelets
 
Elles raturent l'espace rayent le temps
Endiguent le vain cheminement
de la solitude brillamment
Imposent leurs troublants contretemps
 
De la musique avant toute chose
Alors le violent fracas des guerres
s'envolera au diable vauvert
De la musique avant toute chose…

© Denise DODERISSE


Denise Doderisse
Résidant en région parisienne, Denise Doderisse écrit depuis une cinquantaine d'années de la poésie sous toutes ses formes, et en particulier elle aime écrire des haïkus. Elle s'adonne également à la peinture et au dessin. Elle a publié deux recueils et plus récemment un livre illustré de réels dessins d'enfants.
Autres textes :
Ah ! J'ai vu...
Balade en forêt
Haïkus (4)
Liberté 
→ Son blog



Lorsque les mots chantent
Hayat AIT-BOUJOUNOUI

y

Lorsque les mots chantent
Au creux d’un rêve de liberté,
Le cœur authentifie le jour clair,
Courant depuis plus longtemps encore
Que le vent et la nuit.

 

Le soleil s’infiltre entre les lignes,
De soi, des autres,
Comme une senteur ancienne de papier gravé.
 

Les partitions ne savent pas toujours dire et redire
Les astres parvenant aux feuilles émues.
 

Il faut alors que s’éclairent les mondes
Entre les notes discursives et les phrases à dessiner.

 

Lorsqu’un silence suprême de vagues,
S’assoit près d’une mer aux allures d’océan,
L’aurore restreint sa place au sel des roches
D’une saison à l’autre,
Telle une fête de galets joués à la ronde
De printemps à virevolter.

 

© Hayat AIT-BOUJOUNOUI


Hayat Ait-Boujounoui (1972-aujourd'hui)
Originaire de Besançon, Hayat Ait-Boujounoui est formatrice dans un centre de formation pour jeunes et adultes (CFA) après avoir enseigné le français et l'Histoire-géographie dans des CFA de différentes régions, dont la Bretagne qu'elle affectionne particulièrement. Elle a écrit deux recueils de poésie : Dans la chair (2011) et Palpitations (2018) publiés chez L'Harmattan. 
Autres textes :
Haïkus (3)
Par le biais de la pierre
→ Son blog



Accord de gamme
Catherine DESTREPAN

y

Au premier temps ce fut, joué à la guitare,
Un air bohême sans la moindre ambition.
Note impossible, le rebelle « si » bécarre
Hésita sur la ligne de la partition.

 

Au premier temps ce fut, risqué tel un envol,
Une douce caresse à une joue rosée,
Suivit alors un chaste baiser sans bémol
Qui éveilla l’ardeur d’une demande osée.

 

Au premier temps ce fut, pareille à une étreinte,
Deux notes enlacées ; Puis de silence en soupir
Et de croche en croche, sans l’ombre d’une astreinte,
L’amour s’imposa au tempo, sans le trahir.

 

Au premier temps ce fut, une vive impatience :
Cacophonie, reprise, accord à l’unisson,
Pour deux cœurs en émoi sans aucune expérience.
L’harmonie se réalisa. Bien joué Cupidon !

 

La musique ainsi que l’amour prennent des pauses ;
La symphonie alors se joue à contretemps
Mais s’accompagne toujours d’un bouquet de roses.
Qu’importe le rythme et donc, qu’importe le temps !

 

© Catherine DESTREPAN


Catherine Destrepan (1956-aujourd'hui)
Comptable, Catherine Destrepan a jonglé toute sa vie active avec les chiffres avant de s'intéresser de plus près à la poésie, qui occupe aujourd'hui une grande place dans ses activités culturelles. Elle prête également sa voix de contre-alto au sein de plusieurs ensembles vocaux.
Autres textes :
Beauté simple
L'aube incertaine

→ Sa page Facebook



Musique
SEDNA

y

Vers le jour, un orchestre se prépare.
Quelques notes serrées en bataillon
Recherchent le passage vers le phare
Où la musique écrit sous l’édredon.

Mais d’ici, j’entends monter la prière
Piégées dans les voilures de la nuit.
Quand les notes dégrafent la lumière,
Renaît le bourgeon avant d’être fruit.

Le premier muscaris soulève l’herbe.
Plus loin, la forêt sourit, allegro.
Une encre d’espoir délivre son verbe
Sur les partitions prêtes au tempo.

Un courant d’air bouscule le silence.
Dans nos cœurs assoupis, un opéra
Lézarde l’écorce avec son audience.
Entends-tu de nouveau l’alléluia.

...

C’est comme cette joyeuse fanfare
Qui invite à s’enlacer dans le vent.
Au ciel, la lune attrape sa cithare
Pour que le monde vive un meilleur présent.

Par-delà nos pas staccato, la nacre
Des étoiles retrousse la poussière.
Et, sous la peau de nos âmes, le sacre
D’une autre saison ouvre sa clairière.

 

© SEDNA


Sedna
Résidant en Charente-Maritime, Sedna a toujours eu la passion des mots. Elle aime les rimes et travaille principalement avec le Traité de Sorgel en poésie classique. Elle aime la mer, le ciel qui sont ses sources d'inspiration permanente. La sauvegarde de notre planète est l'une de ses préoccupations.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Son site :
→ http://www.cassiopee17.fr/



La guitare
Lanza del VASTO

y

J’ai laissé pendre ma guitare dans les branches.
Le vent chante tout seul, écoutez sa chanson,
Il dit : « Je veux, moi vent, moi le vent sans maison,
Me reposer en toi guitare aux belles hanches.
Et toi tu nageras comme un poisson
Au ventre blanc dans ce ruisseau de sons.
À la harpe des bois j’arrache un chant sauvage,
Des grands troncs creux je tire un cri de bête,
La mer pleine de morts me rend un son de fête,
Je fais hurler comme des chiens tous les rivages,
Siffler les murs malchanceux et les toits. Ma voix, ma propre voix
Vide de moi, riche de tant de choses,
Je la retrouve en toi guitare, en toi.
Aussi faut-il qu’en ton berceau je me repose. »

 

© Lanza del VASTO


Lanza del Vasto (1901-1981)
Philosophe italien, Lanza Del Vasto était aussi un écrivain et poète de langue française, sculpteur et dessinateur. Disciple chrétien de Gandhi, il est fondateur des Communautés de l'Arche, axées sur la vie intérieure et la non-violence active. Conférencier international, il s'engagea dans de nombreuses actions en faveur de la paix.
→ Association des Amis de Lanza del Vasto
→ Sa biographie sur Wikipédia



Le pianiste
Laetitia SIOEN

y

Clé de sol au matin,
La première note résonne dans un silence.

Ses longs doigts effleurent les touches,
Le do crescendo confond le noir et le blanc.

D’accroche coeur en croche à tête,
La corde raide vibre au fur et à mesure.

Son visage charge la mélodie,
Les lignes de partition vide se courbent.

Ses mains courent et s’arrêtent,
Le son du ventre de la baleine résonne encore.

Dans un dernier soupir,
Il se dresse et s’incline pour une dernière révérence.

 

© Laetitia SIOEN


Laetitia Sioen
Cette artiste aux multiples facettes se définit comme bulleuse, poétesse, comédienne, clown et marionnettiste. Elle aime les rencontres humaines et artistiques. En 2009, elle a fondé la Compagnie l’Envers du Monde (basée à Toulouse) et se produit avec sa troupe en France et aussi à l'étranger. Ses voyages mobiles et immobiles, sa vie de saltimbanque l’inspirent tout autant que de nombreuses formes d’expression artistique. Elle a écrit son premier recueil, Des ailes pour rêver, en 2020.
Autre texte :
L'effrontée
→ Sa page Facebook



Jazz tempo
Christian SATGÉ

y

Parfois la nuit rend amnésique
Et, trop de tournées, aphasique ;
Le jour est gris, tant il est las
Avec la smala, ses blablas,…
Mais Duke et Count donnent le “la” 
Avec Oscar, Bud, Lena,…
Pas besoin de métaphysique
Quand résonne, ici, leur musique.

Parfois le chef, un narcissique,
Se conduit par trop en cacique ;
Le jour est gris, tant il est las,
Tout flagada ou raplapla.
Mais Lionel donne le “la”
Avec Benny, Art, Ella,…
Et c’est bien mieux que le « Classique »,
Aux sonorités jurassiques !

Quand tu ne veux plus être là,
Avec ces faces de nasiques
Aux idées et aux mots basiques,
Le jour est gris, tant il est las
Même ton cœur sonne le glas…

Parfois tu veux ceci-cela
- Bouffer de l’acide Prussique
Ou te barrer en « Autarcique » -
Louis et Scott donnent le “la”
Avec Oscar, Cole et Sarah,…
Et là, là, c’est jour de gala !

Le jour est gris, tant il est las
Quand tu ne veux plus être là,
Trop de blablas, mar’ des holà,
Mais Dave et Earls donnent le “la” 
Avec Charlie, Mel, Prima,…
Le jour est gris, tant il est las
Parfois tu veux ceci-cela
Tout flagada ou raplapla,
Chet et Fats donnent le “la”
Avec Gerry ou Sinatra,…
Et là, là, c’est jour de gala,
Tequila, cola, tombola,
Bamboula sous la pergola
Voilà !

 

© Christian SATGÉ


Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et près d'une quarantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika.
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Son blog : → https://lesrivagesdurimage.blogspot.com/

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Piano
Sylvie CROCHARD

y

Jouer du piano, c’est tout un scénario.
On suit le tempo pianissimo.
La rythmique nous balance
Telle une résonance en cadence.

 

On joue le refrain,
On a le béguin.
Ce n’est pas forcément le Pérou,
Mais c’est déjà beaucoup.

 

On suit la partition,
La musique s’enchaîne
Harmonieusement sur scène,
On sent des vibrations.

 

Un piano on accorde,
Sur le clavier on pianote.
Des accords l’on aborde,
Ainsi vont les notes

 

Qui courent sur la partition.
La clé nous donne le do,
Le diapason nous donne le fa,
Le métronome marque le pas.

 

Un clavier ou un synthé ça me suffirait,
Un piano droit ça m’irait,
Un piano à demi-queue c’est encore plus gai,
Un piano à queue c’est vraiment parfait.

 

Piano pour un jour,
Piano au long cours.
Dommage de s’arrêter
Lorsqu’on a commencé.

 

Une fois qu’on sait lire
Le solfège et la partition,
À chacun son délire,
On est dans la répétition.

 

On peut aussi improviser
Une fois qu’on est bien calé,
À vous de nous étonner
Sur un rythme effréné.

 

La mélodie est belle,
Elle nous ensorcelle.
L’harmonie nous fait de l’effet ;
C’est comme cela qu’on se remet.

 

On peut vivre comme un ascète
Ou bien être un esthète,
En tous les cas cet épithète
Va nous faire tourner la tête.

 

On donne un concert
Pour la gloire ou pour le salaire.
On peut rarement vivre de la musique
Sinon ce serait fantastique

 

À moins d’être connu.
Mais on n’a jamais de pain sans eau vu
Qu’il faut travailler d’arrache-pied
Pour atteindre la célébrité.

 

© Sylvie CROCHARD


Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard



Un peu de musique
Germain NOUVEAU

y

Une musique amoureuse
Sous les doigts d'un guitariste
S'est éveillée, un peu triste,
Avec la brise peureuse ;

Et sous la feuillée ombreuse
Où le jour mourant résiste,
Tourne, se lasse, et persiste
Une valse langoureuse.

On sent, dans l'air qui s'effondre,
Son âme en extase fondre ;
— Et parmi la vapeur rose

De la nuit délicieuse
Monte cette blonde chose,
La lune silencieuse.

 

© Germain NOUVEAU


Germain Nouveau (1851-1920)
Poète français, Germain Nouveau passe son enfance à Aix-en-Provence et s'installe à Paris vers 1872 où il fréquente la bohème littéraire. Il y rencontre Verlaine, Charles Cros et surtout Arthur Rimbaud qui aura une influence considérable sur sa poésie. Les dernières années du poète sont marquées par de très profondes crises mystiques jamais très éloignées du désordre mental. Suivant la doctrine de saint Benoît Labre, Nouveau s'astreint à la pauvreté et à la mendicité. Il meurt d'inanition en 1920, victime d'un jeûne trop prolongé, entre le Vendredi saint et Pâques.
Autres textes :
Athée
Les malchanceux
Sonnet d'été  
→ Sa biographie sur Wikipédia



Le violon brisé
Emile NELLIGAN

y

Aux soupirs de l’archet béni,
Il s’est brisé, plein de tristesse,
Le soir que vous jouiez, comtesse,
Un thème de Paganini.

Comme tout choit avec prestesse !
J’avais un amour infini,
Ce soir que vous jouiez, comtesse,
Un thème de Paganini.

L’instrument dort sous l’étroitesse
De son étui de bois verni,
Depuis le soir où, blonde hôtesse,
Vous jouâtes Paganini.

 

© Emile NELLIGAN


Emile Nelligan (1870-1925)
Émile Nelligan est considéré comme l’un des plus grands poètes québécois. Poète au destin tragique et fulgurant, il puise chez les parnassiens leur forme et chez les symbolistes leur musicalité et leur imagerie évocatrice. La fragilité des plaisirs se lie à une mélancolie tourmentée et à une sensibilité extrême au monde. La recherche de l’idéal perdu des romantiques est présente, mais dépassée par son tissage de son et d’image. Souffrant de schizophrénie, Nelligan est interné dans un asile psychiatrique peu avant l'âge de vingt ans et y reste jusqu'à sa mort.
Autres textes :
Caprice blanc
Rondel à ma pipe
Devant deux portraits de ma mère
La romance du vin
Le vaisseau d'or 
Soir d'hiver
Le salon
Article source :
lesvoixdelapoesie.com   
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J'ai attrapé un chant d'oiseau
Esther GRANEK

y

J’ai attrapé un chant d’oiseau
Et je l’ai mis dans ma guitare.
Il en sort un refrain de paix
Qui fait trêve de mes regrets.

J’ai rapporté des verts coteaux
Un peu de leurs parfums sauvages.
J’ai rapporté couleurs de mai
Et les ai mises en un bouquet.

J’ai emporté dans mes voyages
Et ta présence et ton visage.
Et c’est comme un cadeau des cieux
Car étant seul je suis à deux.

 

© Esther GRANEK


Esther Granek (1927-2016)
Poétesse franco-belge qui a survécu à l'Holocauste, Esther Granek a été déportée en 1940 dans un camp de concentration à Brens, près de Gaillac. Avec sa famille, elle a pu s'échapper du camp en 1941 puis elle est retournée à Bruxelles où elle reste cachée chez son oncle et sa tante jusqu'en 1943. De 1943 jusqu'à la fin de l'occupation nazie, elle a été cachée par une famille chrétienne avec de faux papiers, prétendant être leur enfant, et travailla dans leur magasin. Elle vécut en Israël à partir de 1956. Elle a travaillé à l’ambassade de Belgique à Tel Aviv en tant que secrétaire-comptable pendant 35 années.
Voir tous les textes de l'auteure sur le site
Site officiel : → http://esthergranek.webs.com/
→ Sa biographie sur Wikipédia



Adagio
François COPPÉE

y

La rue était déserte et donnait sur les champs.
Quand j’allais voir l’été les beaux soleils couchants
Avec le rêve aimé qui partout m’accompagne,
Je la suivais toujours pour gagner la campagne,
Et j’avais remarqué que, dans une maison
Qui fait l’angle et qui tient, ainsi qu’une prison,
Fermée au vent du soir son étroite persienne,
Toujours à la même heure, une musicienne
Mystérieuse, et qui sans doute habitait là,
Jouait l’adagio de la sonate en la.
Le ciel se nuançait de vert tendre et de rose.
La rue était déserte ; et le flâneur morose
Et triste, comme sont souvent les amoureux,
Qui passait, l’oeil fixé sur les gazons poudreux,
Toujours à la même heure, avait pris l’habitude
D’entendre ce vieil air dans cette solitude.
Le piano chantait sourd, doux, attendrissant,
Rempli du souvenir douloureux de l’absent
Et reprochant tout bas les anciennes extases.
Et moi, je devinais des fleurs dans de grands vases,
Des parfums, un profond et funèbre miroir,
Un portrait d’homme à l’oeil fier, magnétique et noir,
Des plis majestueux dans les tentures sombres,
Une lampe d’argent, discrète, sous les ombres,
Le vieux clavier s’offrant dans sa froide pâleur,
Et, dans cette atmosphère émue, une douleur
Épanouie au charme ineffable et physique
Du silence, de la fraîcheur, de la musique.
Le piano chantait toujours plus bas, plus bas.
Puis, un certain soir d’août, je ne l’entendis pas.

 

Depuis, je mène ailleurs mes promenades lentes.
Moi qui hais et qui fuis les foules turbulentes,
Je regrette parfois ce vieux coin négligé.
Mais la vieille ruelle a, dit-on, bien changé :
Les enfants d’alentour y vont jouer aux billes,
Et d’autres pianos l’emplissent de quadrilles.

 

© François COPPÉE


François Coppée (1842-1908)
Poète, dramaturge et romancier, François Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Poète de la tristesse à la vue des oiseaux qui meurent en hiver, du souvenir d'une première rencontre amoureuse, de la nostalgie d'une autre existence ou de la beauté du crépuscule, il rencontra un grand succès populaire.

Autres textes :
Matin d'octobre
Rythme des vagues
La cueillette des cerises

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Musique sur l'eau
Albert SAMAIN

y

Oh ! Écoute la symphonie ;
Rien n'est doux comme une agonie
Dans la musique indéfinie
Qu'exhale un lointain vaporeux ;

D'une langueur la nuit s'enivre,
Et notre cœur qu'elle délivre
Du monotone effort de vivre
Se meurt d'un trépas langoureux.

Glissons entre le ciel et l'onde,
Glissons sous la lune profonde ;
Toute mon âme, loin du monde,
S'est réfugiée en tes yeux,

Et je regarde tes prunelles
Se pâmer sous les chanterelles,
Comme deux fleurs surnaturelles
Sous un rayon mélodieux.

Oh ! écoute la symphonie ;
Rien n'est doux comme l'agonie
De la lèvre à la lèvre unie
Dans la musique indéfinie...

 

© Albert SAMAIN


Albert Samain (1858-1900)
Poète symboliste français, Albert Samain a dû arrêter ses études à la mort de son père, à l'âge de 14 ans. Rejoignant Paris vers 1880, il commence à fréquenter les cercles littéraires et récite ses poèmes au « Chat noir ». En 1893, la publication de son recueil « Au jardin de l'infante » lui vaut un succès immédiat. Fin 1899, sa santé se détériore : il est atteint de phtisie. Il se retire chez un ami dans la Vallée de Chevreuse et meurt à l'été 1900. Une des originalités d'Albert Samain est l'utilisation du sonnet à quinze vers. Après sa mort, ses poésies sont réimprimées un nombre considérable de fois, et de nombreux musiciens ont composé des mélodies sur ses textes.
→ Voir tous ses textes sur le site
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Fantaisie
Gérard de NERVAL

y

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber ;
Un air très-vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.

Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C’est sous Louis treize… et je crois voir s’étendre
Un coteau vert que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs.

Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens…
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue ! — et dont je me souviens !

 

© Gérard de NERVAL


Gérard de Nerval (1808-1855)
Ecrivain et poète français, Gérard de Nerval est l'une des figures majeures du romantisme. Successivement clerc de notaire, apprenti imprimeur et étudiant en médecine, c'est la littérature qui le requiert. Imprégné de culture germanique, il entreprend la traduction du Faust de Goethe. Il se lie d'amitié avec plusieurs écrivains romantiques du Petit-Cénacle autour de Victor Hugo. Follement épris de l'actrice Jenny Colon, celle-ci ne répond pas à ses sentiments. Pour noyer son chagrin, il entreprend plusieurs voyages. Mais son exaltation aboutit en 1841 à une crise très grave. Soigné durant six mois pour troubles mentaux dans la clinique du Docteur Blanche, il sera retrouvé pendu le 26 janvier 1855, rue Vieille-Lanterne à Paris.
Autre texte :
L'enfance

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J'entends chanter l'Amérique
Walt WHITEMAN

y

J’entends chanter l’Amérique, j’entends ses diverses chansons,
Celles des ouvriers, chacun chantant la sienne joyeuse et forte comme elle doit l’être,
Le charpentier qui chante la sienne en mesurant sa planche ou sa poutre,
Le maçon qui chante la sienne en se préparant au travail ou en le quittant,
Le batelier qui chante ce qui est de sa partie dans son bateau, le marinier qui chante sur le pont du vapeur,
Le cordonnier qui chante assis sur son banc, le chapelier qui chante debout,
Le chant du bûcheron, celui du garçon de ferme en route dans le matin, ou au repos de midi ou à la tombée du jour,
Le délicieux chant de la mère, ou de la jeune femme à son ouvrage, ou de la jeune fille qui coud ou qui lave,
Chacun chantant ce qui lui est propre à lui ou à elle et à nul autre.
Le jour, ce qui appartient au jour — le soir, un groupe de jeunes gars, robustes, cordiaux,
Qui chantent à pleine voix leurs mélodieuses et mâles chansons.

 

© Walt WHITEMAN


Walt Whiteman (1819-1892)
Poète et écrivain américain, Walt Whiteman commence sa carrière comme instituteur puis se tourne vers le journalisme et devient éditeur. Farouchement opposé à l'esclavage, il découvre à La Nouvelle-Orléans, le marché aux esclaves qui se tenait régulièrement dans cette ville à cette époque. C'est là qu'il se mit à écrire des poèmes et bientôt cette activité supplanta toutes les autres. Son chef-d'oeuvre auto-publié en 1855 est sans conteste « Feuilles d'herbe » (Leaves of grass). Ce recueil fut traduit par Jules Laforgue et réédité six fois. En France, Walt Whitman a eu une grande influence sur les poètes symbolistes et sur les écrivains unanimistes.
Autre texte :
Ô Capîtaine ! mon Capitaine !

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Chopin
Marcel PROUST

y

Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots
Qu’un vol de papillons sans se poser traverse
Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots.
Rêve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce,
Toujours tu fais courir entre chaque douleur
L’oubli vertigineux et doux de ton caprice
Comme les papillons volent de fleur en fleur ;
De ton chagrin alors ta joie est la complice :
L’ardeur du tourbillon accroit la soif des pleurs.
De la lune et des eaux pale et doux camarade,
Prince du désespoir ou grand seigneur trahi,
Tu t’exaltes encore, plus beau d’être pali,
Du soleil inondant ta chambre de malade
Qui pleure à lui sourire et souffre de le voir…
Sourire du regret et larmes de l’Espoir !

 

© Marcel PROUST


Marcel Proust (1871-1922)
Ecrivain dont l'œuvre principale est la suite romanesque intitulée À la recherche du temps perdu, publiée de 1913 à 1927. L'œuvre romanesque de Marcel Proust est une réflexion majeure sur le temps et la mémoire affective comme sur les fonctions de l'art qui doit proposer ses propres mondes, mais c'est aussi une réflexion sur l'amour et la jalousie, avec un sentiment de l'échec et du vide de l'existence qui colore en gris la vision proustienne où l'homosexualité tient une place importante. La marque de Proust est aussi dans son style aux phrases souvent très longues, qui suivent la spirale de la création en train de se faire, cherchant à atteindre une totalité de la réalité qui échappe toujours.
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Bal chez Temporel
André HARDELLET


y

Si tu reviens jamais danser
Chez Temporel, un jour ou l'autre,
Pense à ceux qui tous ont laissé
Leurs noms gravés auprès des nôtres.

 

Souviens-toi : quand tu l'as choisie
Pour tourner la valse en mineur,
La bonne chance enfin saisie,
Deux initiales dans un cœur.

 

Pense à ta jeunesse gâchée,
Sans t'en douter, au fil des jours,
Pense à l'image tant cherchée
Qui garderait son vrai contour.

 

Des robes aux couleurs de valse
Il n'est demeuré qu'un reflet
Sur le tain écaillé des glaces,
Des chansons - à peine un couplet

 

Mais c'est assez pour que renaisse
Ce qu'alors nous avons aimé
Et pour que tu te reconnaisses
Dans ce petit bal mal famé

 

Avec d'autres qui sont partis
Vers le meilleur ou vers le pire,
Avec celle qui t'a souri
Et dit les mots qu'il fallait dire.

 

Oui, si tu retournes danser
Chez Temporel, un jour ou l'autre,
Pense aux bonheurs qui sont passés
Là, simplement, comme les nôtres.


© André HARDELLET


André Hardellet (1911-1974)
Ecrivain français, André Hardellet a commencé des études de médecine puis a pris la direction de la joaillerie familiale à Paris. Son œuvre variée : poèmes, récits, chansons, romans, essais, nouvelles ... fut couronnée par le Prix des Deux-Magots en 1973. Guy Béart a chanté son Bal chez Temporel, repris par Patachou. Il fréquenta Georges Brassens, René Fallet, Robert Giraud, Julien Gracq , Louis Nucera , Robert Doisneau , Claude Seignolle...
Autre texte :
La ronde de nuit
→ Sa biographie sur Wikipédia




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