Ecrire des vers à vingt ans, c'est avoir vingt ans.
En écrire à quarante, c'est être poète.
Francis Carco 

Amitié(s)


L'amitié
Tony RICHARD

y

De l'océan aux blancs moutons

De ses vagues d'écume sur un reflet de lune

Il n'est pas de frontière pas plus que ciel et terre

Quand deux coeurs un matin balayent le chagrin.

 

© Tony RICHARD


Tony Richard (1950-aujourd'hui)
Né à Coblence d'un père militaire et d'une mère bretonne, Tony Richard a d'abord exercé le métier de pâtissier pendant une vingtaine d'années puis a été enseignant pendant 30 ans. Une carrière bien remplie pour ce voyageur qui a sillonné la France, de Paris à Cagnes-sur-Mer en passant par Boulogne, Limoges et bien d'autres contrées. Il a également voyagé en Chine et au Japon. Ecrivain sur le tard et passionné de poésie, il a publié plusieurs recueils, à découvrir sur son blog.
Son blog : → https://pourvouslesfemmes.com/


Viens frapper à ma porte
Magali BRETON

y

Pour alléger le poids
Des cruelles absences
Pour entendre les voix
Des clameurs de l’enfance
Viens frapper à ma porte


Pour avouer l’inavouable
Échapper au destin
Pour plaider non coupable
Rêver dans mon jardin
Viens frapper à ma porte

 

Pour me conter tes joies
Et me confier tes peines
Pour crier sur le toit
Son nom et ses je t’aime
Viens frapper à ma porte

 

Ici aucun obstacle
Aucune convention
Je suis le réceptacle
D’intimes confessions

 

Et si tu ne dis mot
Je jouerai tes silences
Dans cet air, au piano,
Qui redonne espérance

 

Un verre de bon vin
Débordant d’amitié
Puis tu t’endormiras
Ton esprit apaisé

 

Je suis sans un détour
Ton âme sœur fidèle
Qu’il est beau cet amour
Sans étreinte charnelle !

 

Nos secrets en partage
Hors du sang, ainsi liés,
Au dernier des voyages
Seront tous emportés

 

Je sais qu’en cette vie
Et dans une autre encore
À mon âme meurtrie
Cherchant un réconfort
Tu ouvriras ta porte

 

© Magali BRETON


Magali Breton
Auteure-compositrice-interprète, Magali Breton est aussi comédienne, auteure de textes de chanson française dont ceux de son album intitulé « Regard de femmes » primé à Barbizon 77, lors du concours « La palette en chansons », avec pour parrain Bernard Sauvat. En 2019, elle se consacre à l’écriture d’une pièce de théâtre musical sur la vie et l’œuvre de l’artiste peintre Rosa Bonheur : « Les messagères de Rosa Bonheur ». Le spectacle est créé en 2020, avant d’être stoppé net par la crise sanitaire et la fermeture des salles de spectacle, avant de connaître un beau succès en tournée. Cette période se mue en une inépuisable source d’inspiration pour écrire un recueil intitulé « Les Covidiennes » édité en 2022. Elle choisit la poésie pour nous livrer des instants de vie en quelques vers et nous absorber dans l’intimité, la profondeur et l’exacerbation des sentiments. Elle fait appel à Muriel Pic, photographe, ainsi qu’à Patrick Carmier, pianiste compositeur, pour sublimer les textes par l’image et la musique. Cela donne naissance à un nouveau spectacle.
Autres textes :
Rejoindre Thomas Pesquet
L'horloge des forfaits
La métamorphose
Lorsque tu fermeras mes yeux
Son site : → Les Messagères de Rosa Bonheur
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/lelienparlart
Sa chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/UC6zEpDLSwB9-zqZok3H72BA


Copain
Claude LUEZIOR

y

Certains prétendent que le Verbe est mort. À vérifier ! Au cimetière, des milliers de chuchotis qui m'ont semblé être du chinois: je me suis dit qu'une conspiration mondialisante était en route. Du coup, je me suis adressé au préposé à la crémation et je n'y ai vu que du feu. Alors, j'ai ouvert les portes d'une grande bibliothèque et j'ai inspecté des gaillards qui digitalisaient à tout va ce que l'on appelait autrefois "livres". Au coin d'une série d'ordinateurs quantiques, un volume, recroquevillé sur lui-même, semblait résister en souvenir d'Alexandrie.

Comme je suis d'un naturel optimiste, j'ai pris mon clavier de pèlerin et j'ai tapé un code d'accès pour réseaux sociaux. Là, un salmigondis de lettres, une sorte de boue informe, mais aucun Verbe tenant debout.  À l'opposé, j'ai bredouillé un pater en me disant que les archives paroissiales s'étaient peut-être regimbées face à la modernité rampante. Je m'attendais à voir au moins un fier bûcher avec les minutes du procès de Jeanne d'Arc. En réalité, pas grand chose, si ce n'est un ou deux diablotins en vadrouille, le cuir d'une sainte couverture et une bénédiction qui dansait par là.

Rencontrant mon vieux professeur de français, je lui ai demandé des nouvelles du Verbe dont il nous avait, à l'époque, recommandé la conversation. Le sage de mon adolescence fit mine de ne pas m'entendre et j'en suis resté marri. Il est des noces qui ne résistent pas aux heures.

Alors, si vous rencontrez un Verbe, même décati et sans subjonctif, donnez-lui mon adresse. Question de redevenir copain : juste pour partager une dernière tranche de pain.

 

© Claude LUEZIOR


Claude Luezior (1953-aujourd'hui)
Poète, romancier, nouvelliste, essayiste, chroniqueur, conférencier suisse, Claude Luezior n'apprécie pas particulièrement les titres, les médailles et les salons littéraires mais ne cesse de chercher des synergies avec des artistes. Son antre est secrète, dès 4 ou 5 heures du matin, avec la complicité de l'aube, le chuchotement des vouivres et ce tremblement intérieur qui le portent à s'élever contre la guerre, les injustices, la maladie, le handicap mais aussi l'indifférence de notre société envers les déshérités. Sa plume est néanmoins souvent amoureuse, porteuse de transcendance, de rêve et d'humanisme.
Autre texte :
Survivre
Blog de l'auteur : → http://www.claudeluezior.weebly.com/
→ Sa biographie sur Wikipédia


Mon camarade
Michelle GRENIER

y

Toi, passeur de rêves et de rives,
Mon oublieux camarade,
Tu es parti à la dérive,
Toi, linceul esseulé
où valsent les lambeaux
de poussière.
Ma sentinelle, ma déraison
toi ma saison la plus féconde
toi et ta voix de puits profond
toi et tes yeux de clairvoyance
comme un bel éclair qui dure…

Lorsque revient le soir fiévreux
je te pleure encore aux lucioles
mendiant sous la pleine lune
l’ombre brûlante de tes yeux…


Si ton âme en partant se languit
de la morsure dorée
des jours zélés,
je creuserai profonde brèche
par où
nos chemins chèvrefeuille
nos sentes d’aubépine
s’enlaceront à jamais.

 

© Michelle GRENIER


Michelle Grenier
Mich'Elle Grenier est poète, fabuliste et parolière. Persuadée que la poésie est l’essence du langage, elle nous invite, de sa voix singulière, à ne pas nous laisser tentaculer par le chiendent rampant. Car on prête souvent à la poésie des airs d'austérité voire de mélancolie chronique. Mich'Elle Grenier prouve le contraire et sans niaiserie, rimant avec une acuité personnelle sur les choses de la vie. Elle a publié plusieurs recueils et figure au palmarès de plusieurs grands concours de poésie.
Autres textes :
Métisse
Graines
Tu me diras
Poésizanie 
Gavroche du crayon
Son site : → http://www.michellegrenierpoete.com/


Je veux des mots pétris d'aurore
Jean-Charles PAILLET

y

Je veux des mots pétris d’aurore

des mains tendues ouvrant des chemins d’oiseaux

des soleils jusqu’au tréfonds du cœur

 

Je veux sous le ciel d’aujourd’hui

des rires vifs comme un vol d’abeilles

et voir l’amitié tout feu tout flamme

embraser pleinement un monde ébahi

 

© Jean-Charles PAILLET


Jean-Charles Paillet
Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le coeur et l’âme... Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies et ses chansons. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa page Facebook


Amitiés
Mokhtar EL AMRAOUI

y

La nuit, des oiseaux amis
Remuent les feuilles des miroirs.
Certains, ceux qui fuient m’ont déjà confié
Leurs oeufs que j’ai déposés dans ma tête,
Comme les plis d’une mémoire de nerfs faite.
Ils laissent couler leur doux plumage,
Jusqu’à l’aube d’une chanson, d’un rivage,
D’une couleur venant à la fleur.
Des peintres amis y logent aussi,
Peignant des becs rigolards et de graciles languettes.
Les nuages, en filaments ou en duvets,
Massent la chauve lune,
Sur des airs de saxo rouillé.
Une tendre voix, de nicotine et de froid enrouée,
Parle, en toussant,
De portes toujours fermées
Sur des bonheurs en judas et vachettes tamisés.
Mes rêves glissent sur la lame des chaussées
Qui m’engouffrent las, l’âme déchaussée.
Plus de champs pour me recueillir.
Toutes les gerbes ont été fauchées.
Même les bouteilles se rebiffent,
Les habitent des bateaux échappés aux récifs.

 

© Mokhtar EL AMRAOUI


Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Blog de l'auteur : https://mokhtarivesenpoemesetautresvoyages.blogspot.com/


Amis comme les doigts de la main !
Françoise BIDOIS

y

Pouce un jour a dit STOP

Fini de danser le be-bop

Tête en haut j'ai gagné,

Tête en bas c'est perdu !

Pouce je ne joue plus, a dit le pouce droit !

Je ne veux plus me tourner avec le gauche

Je me cache sous quatre doigts.

Main ferme le poing !

Pouce a confié un secret au majeur :

"Ils ont voulu manger sur moi !

Je trouve que ce n'est pas juste !

Je suis petit, je suis robuste,

Je suis si bon quand on me suce !

Mais pas question de manger sur le pouce.

L'index a dit : "Soyons sérieux !

Je veux bien donner un coup de pouce.

Mais pas à toi, tu es trop gros.

Je verrais bien, le tout petit,

Celui qui se niche dans l'oreille

Et qui raconte tous les secrets."

L'auriculaire, n'est pas peu fier !

Il n'est pas comme le doigt sans nom

Celui si proche du grand doigt du milieu

Qui porte bague ou bien diamant

Mais qui ne sert à rien vraiment. 

 

© Françoise BIDOIS


Françoise Bidois (1939-aujourd'hui)
D'origine brestoise, Françoise Bidois a été enseignante puis a continué sa carrière dans l'artisanat en couture-confection. Elle vit en Vendée depuis 1977. Sociétaire des Ecrivains de Vendée, elle a également dirigé un atelier d'écriture pendant dix ans et participé à de nombreux concours de poésie. Elle a publié plus d'une dizaine de recueils ainsi que des contes et nouvelles. Elle illustre elle-même ses poésies de dessins pastel et photos.
Autres textes :
Pour une belle année !
C'est le temps des voeux
Mon châtaignier, mon confident
La mer et la bouteille (2ème Prix au concours Poetika 2020)
C'est le temps des voeux
Vieux Papa, où es-tu ?


Echange autour de la poésie
Sylvie CROCHARD

y

Le goûter à l’ombre du jardin
De la maison accueillante d’Andernos-les-Bains
Prône l’amitié et la sérénité,
La science poétique rimée.

 

Assise sur un coussin jaune africanisé.
Avec mon pantalon vert strié
Je fête cette amitié
Et profite de ce jardin ensoleillé.

 

L’herbe tondue respire.
Notre choix est d’être présent
Aujourd’hui autour de ces gâteaux appétissants
Telle est notre volonté, pour le meilleur ou pour le pire.

 

© Sylvie CROCHARD


Sylvie Crochard (1976-aujourd'hui)
Ouvrière en milieu protégé, Sylvie Crochard a publié plusieurs recueils. Passionnée de piano, elle s’inspire également de la musique dans ses poèmes.
Autres textes :
→ La liberté
→ Les petits oiseaux
→ L'Ukraine saigne...
Sa page Facebook : → https://www.facebook.com/poetecrochard


Alchimie de l'amitié
Stéphen MOYSAN

y

Alchimie de l’amitié
Rayonnant dans mon âme
Le trésor vrai d’être aimé
Plus que tout est le charme
De cette joie qui enflamme
La nuit, si belle à mes yeux
Une poésie vole en éclats
C’est un constat fabuleux
Mes amis brûlent d’un feu
Que le grand soleil n’a pas !

 

© Stéphen MOYSAN


Stéphen Moysan (1979-aujourd'hui)
Auteur talentueux, Stéphen Moysan a publié plusieurs recueils et un livre-témoignage après son AVC en 2013. Son site offre un florilège de poèmes et de peintures. Il met à l'honneur beaucoup de poètes classiques mais pas que. Beaucoup de haïkus et de très jolis textes.
Du même auteur :
Haïkus
Six heures
Son site : → Eternels éclairs


Amis soyez toujours
Jean VASCA

y

Amis soyez toujours ces veilleuses qui tremblent
Cette fièvre dans l’air comme une onde passant
Laissez fumer longtemps la cendre des paroles
Ne verrouillez jamais la vie à double tour
Je suis là cœur battant dans certains soirs d’été
A vous imaginer à vous réinventer

Amis soyez toujours ces voix sur l’autre rive
Qui prolongent dans moi la fête et la ferveur
Des fois vous le savez il fait encore si froid
Le voyage est si long jusqu’aux terres promises
Je suis là cœur battant dans tous les trains de nuit
Traversant comme vous tant de gares désertes

Amis soyez toujours l’ombre d’un bateau ivre
Ce vieux rêve têtu qui nous tenait debout
Peut-être vivrons-nous des lambeaux d’avenir
Et puis nous vieillirons comme le veut l’usage
Je suis là cœur battant à tous les carrefours
A vous tendre les mains dans l’axe du soleil


© Jean VASCA


Jean Vasca (1940-2016)
Chanteur, auteur-compositeur-interprète, Jean Vasca est l'un des derniers grands poètes de notre époque avec plus de cinquante ans de carrière couronnée par des nombreux prix. C'est au début des années 1960 qu'il commence à chanter dans des cabarets ses propres textes ou ceux de chanteurs dont il est l'admirateur, tels que Jean Ferrat, Léo Ferré ou Georges Brassens. Au début des années 1970, il est remarqué par le poète et animateur de radio Luc Bérimont, qui produit et anime en public et sur France Inter l'émission « La Fine Fleur de la Chanson Française ». Il est apprécié par les auditeurs et suite à ses différents passages dans cette émission, sort un 33 tours chez la Boîte à Musique. Parallèlement à son activité musicale, il publie plusieurs recueils de poésie. Ignoré des grands médias mais entouré d'un petit public fidèle, Vasca est un représentant de la chanson poétique libertaire.
Autre texte : → L'ogre
→ Sa biographie sur Wikipédia 


Les vrais amis
Julos BEAUCARNE

y

Les vrais amis sont comme les arbres
Ils ont hâte de te voir
Mais restent imperturbables
Si tu ne passes pas dire bonsoir

 

Même après une longue absence
Tu peux renouer avec eux
Il n’y a pas d’intermittence
Te revoir les rend heureux

 

Les vrais amis sont comme les arbres
Plantés très loin ou bien tout près
Sans jalousie et sans alarme
Ils croissent, c’est leur métier

 

Les vrais amis sont comme les arbres
Ils tendent leurs bras, ne plient pas
Ils grimpent vers la lumière
C’est ce qui les met en joie

 

Les vrais amis sont comme les arbres
L’univers est dans leur peau
Qu’il fasse pluie, glace ou bourrasque
Ils parfument et tiennent chaud

 

Les vrais amis quand ils trépassent
N’en finissent pas de fleurir
Dans nos mémoires opiniâtres
Même coupés les arbres prient

 

Les vrais amis sont comme les arbres
Ils ont hâte de te voir
Mais restent imperturbables
Si tu ne passes pas dire bonsoir

 

© Julos BEAUCARNE


Julos Beaucarne (1936-2021)
Artiste belge accompli (conteur, poète, comédien, écrivain, chanteur, sculpteur), Julos Beaucarne a écrit plus de 500 chansons et enregistré 35 albums. Résolument engagé et humaniste, amateur d'aphorismes, de dialectes et d'accents locaux, ce natif de Bruxelles qui a passé son enfance en Wallonie est un personnage à part dans le monde de la chanson francophone. Théâtre, poésie, chanson : il a toujours mêlé les disciplines comme si elles ne devaient former qu'un tout, pour mieux enchanter le spectateur. Son sens de l'humour typiquement belge, plein d'autodérision, le rend particulièrement attachant.
→ Voir la liste de tous ses textes sur le site
→ Sa biographie sur Wikipédia


Le coin de l'amitié
Pierre-Jean de BERANGER

y

L'Amour, l'Hymen, l'Intérêt, la Folie,
Aux quatre coins se disputent nos jours.
L'Amitié vient compléter la partie,
Mais qu'on lui fait de mauvais tours !
Lorsqu'aux plaisirs l'âme se livre entière,
Notre raison ne brille qu'à moitié,
Et la Folie attaque la première
Le coin de l'Amitié.

Puis vient l'Amour, joueur malin et traître,
Qui de tromper éprouve le besoin.
En tricherie on le dit passé maître ;
Pauvre Amitié gare à ton coin !
Ce dieu jaloux, dès qu'il voit qu'on l'adore,
A tout soumettre aspire sans pitié.
Vous cédez tout ; il veut avoir encore
Le coin de l'Amitié.

L'Hymen arrive : Oh, combien on le fête !
L'Amitié seule apprête ses atours.
Mais dans les soins qu'il vient nous mettre en tête
Il nous renferme pour toujours.
Ce dieu, chez lui, calculant à toute heure,
Y laisse enfin l'Intérêt prendre pied,
Et trop souvent lui donne pour demeure
Le coin de l'Amitié.

Auprès de toi nous ne craignons, ma chère,
Ni l'Intérêt, ni les folles erreurs.
Mais, aujourd'hui, que l'Hymen et son frère,
Inspirent de crainte à nos cœurs !
Dans plus d'un coin, où de fleurs ils se parent,
Pour ton bonheur qu'ils règnent de moitié ;
Mais que jamais, jamais ils ne s'emparent
Du coin de l'Amitié.

 

© Pierre-Jean de BERANGER


Pierre-Jean De Béranger (1780-1857)
Pierre-Jean de Béranger est un chansonnier français prolifique qui remporta un énorme succès à son époque. Après avoir débuté par des chansons bachiques et licencieuses qui l’auraient laissé confondu dans la foule, il sut se créer un genre à part : il éleva la chanson à la hauteur de l’ode. Dans les pièces où il traite de sujets patriotiques ou philosophiques, il sait le plus souvent unir à la noblesse des sentiments, l’harmonie du rythme, la hardiesse des figures, la vivacité et l’intérêt du drame.
→ Sa biographie sur Wikipédia


Ce que veut l'amitié
Henri-Frédéric AMIEL

y

Ami, j'entends bien tes maximes,
Tes avis, tes conseils, tes vœux,
Et, dans nos entretiens intimes,
J'ai même entendu tes aveux ;
Et pour tout cela mon cœur t'aime
Mais tout cela n'est pas toi-même,
Et c'est toi-même que je veux.

© Henri-Frédéric AMIEL


Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)
Henri Frédéric Amiel est un écrivain et philosophe suisse romand, célèbre pour son gigantesque journal intime (17 000 pages, de 1839 à 1881). Professeur d’esthétique et de littérature française à l'université de Genève grâce à son étude Du Mouvement littéraire dans la Suisse romande et de son avenir. De 1854 jusqu'à sa mort, il conserva sa chaire de philosophie. Il a publié plusieurs volumes de poèmes, d’études historiques ou philologiques et des essais philosophiques influencés par la philosophie idéaliste allemande.
→ Autres textes :
Une nuit sur la plage
Toute pensée est une fleur
Printemps du Nord
→ Sa biographie sur Wikipédia


À Alfred Tattet
Alfred de MUSSET

y

Qu'il est doux d'être au monde, et quel bien que la vie !
Tu le disais ce soir par un beau jour d'été.
Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.

Nos chevaux, au soleil, foulaient l'herbe fleurie :
Et moi, silencieux, courant à ton côté,
Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
Mais dans le fond du cœur je me suis répété :

Oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse ;
Il est doux d'en user sans crainte et sans soucis ;
Il est doux de fêter les dieux de la jeunesse,

De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse,
D'avoir vécu trente ans comme Dieu l'a permis,
Et, si jeunes encor, d'être de vieux amis.

 

Alfred de MUSSET


Alfred de Musset (1810-1847)
Poète et dramaturge français, de la période romantique. A 19 ans, il publie son premier recueil qui révèle son talent et commence à mener une vie de dandy débauché. Sa première comédie, « La Nuit Vénitienne » est un échec et il renonce provisoirement à la scéne. Pendant sa relation mouvementée avec George Sand, il écrit son chef-d'oeuvre « Lorenzaccio » en 1834 et sa pièce à succès « On ne badine pas avec l'amour. » Dépressif et alcoolique, à 30 ans, il écrit de moins en moins, mais il est élu à l'Académie française en 1852. Mort à 46 ans, à peu près oublié, il est redécouvert au XXè siècle et considéré comme l'un des grands écrivains romantiques français.
Autres textes :
La nuit
A Madame M...
Courrier du coeur
Venise
Le petit endroit
→ Sa biographie sur Wikipédia


C'est vrai j'aime Paris
d'une amitié malsaine...
Stéphane MALLARMÉ

y

C'est vrai, j'aime Paris d'une amitié malsaine ;
J'ai partout le regret des vieux bords de la Seine
Devant la vaste mer, devant les pics neigeux,
Je rêve d'un faubourg plein d'enfants et de jeux.
D'un coteau tout pelé d'où ma Muse s'applique
A noter les tons fins d'un ciel mélancolique,
D'un bout de Bièvre, avec quelques chants oubliés,
Où l'on tend une corde aux troncs des peupliers,
Pour y faire sécher la toile et la flanelle,
Ou d'un coin pour pêcher dans l'île de Grenelle.


Stéphane MALLARMÉ


Stéphane Mallarmé (1842-1898)
Poète, enseignant, traducteur et critique d'art, Stéphane Mallarmé a joué un rôle prépondérant dans l'éclosion de la Modernité poétique. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands poètes de la langue française.
Du même auteur :
Brise marine
Renouveau
 Sa biographie sur le site


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→ Textes sur cette page
L'amitié de Tony Richard
Viens frapper à ma porte de Magali Breton
Copain de Claude Luezior
Mon camarade de Michelle Grenier
Je veux des mots pétris d'aurore de Jean-Charles Paillet
Amitiés de Mokhtar El Amraoui
Amis comme les doigts de la main de Françoise Bidois
Echange autour de la poésie de Sylvie Crochard
Alchimie de l'amitié de Stéphen Moysan
Amis soyez toujours de Jean Vasca
Les vrais amis de Julos Beaucarne
Ce que veut l'amitié de Henri-Frédéric Amiel
Le coin de l'amitié de Pierre-Jean de Béranger
A Alfred Tattet de Alfred de Musset
C'est vrai j'aime Paris d'une amitié malsaine... de Stéphane Mallarmé

Sur le site
Jellal mon frère de Thierry Montagu
Amitié de Véronique Tadjo

Votre poème ici
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→ Citations autour du thème

L'amitié a besoin de lumière. On dirait une veilleuse qui brûlerait jour et nuit dans l'antichambre de l'indifférence. A côté, l'amour n'est qu'une bougie.
André BUCHER


Un ami est comme un melon. Il faut en essayer plusieurs avant d'en trouver un bon.
Alfred de MUSSET


L'amitié est un amour où la guerre et la haine sont proscrites, où le silence est possible.
Tahar Ben JELLOUN


Offrir l'amitié à qui veut de l'amour, c'est donner du pain à qui meurt de soif.
Proverbe espagnol


L'amitié c'est être frère et soeur, deux âmes qui se touchent sans se confondre, les deux doigts de la main. L'amour c'est être deux et n'être qu'un. Un homme et une femme qui se fondent en un ange. C'est le ciel.
Victor HUGO