Les lumières de la ville
Une nuit fauve

Une nuit fauve, parfum de myosotis,
Les ampoules songent à quelque réverbère,
La nuit vacille, pailletée de délices,
Les étoiles fondent une à une parterre.
La ville aspire le souffle du dormeur,
Des lucioles frôlent les sémaphores luisants,
Aux fenêtres brille la lune en accroche-coeur
Des papillons suivent la foule des passants.
Les rideaux dansent sous la brise de juin,
Le crépuscule s'étire à qui mieux mieux,
Les nouveaux-nés s'endorment, fermant leurs poings,
Des rêves poudrés captifs derrière leurs yeux.
© Linda CARA-JACOBI
Linda Cara-Jacobi (1973-aujourd'hui)
Linda Cara-Jacobi est d'origine multi-culturelle, de parents et grands-parents hongrois, anglais, roumains et tchèques. Après des études de Lettres, passionnée d'art, elle quitte sa Suisse natale pour se rendre dans une école à Milan où elle se spécialise en stylisme. De retour à Genève, elle continue de créer pour des commandes privées, et revient désormais à ses premières amours de plume et d'encrier. Ses plages de joie sont les longues balades matinales en forêt, la salade de chèvre chaud et les crêpes à la confiture d'abricot, la musique électro, new wave ou rock, le cinéma indépendant, la photo, les courants artistiques et architecturaux Art Nouveau et Art Déco.
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Festival of Lights - Berlin

Des cœurs multicolores
Des fleurs bleues, des oiseaux
Des papillons dorés
Des notes de musique
Festival des Lumières
Qui égaye les murs
Les rues, les avenues
Et les grands ponts austères
Des jets d’eau colorés
Des ballons pailletés
Puis mes yeux fatigués
Qui veulent fuir la terre
Ici la foule grouille
Mais ta main tient la mienne
Sous le ciel enchanté
Je suis comme une fée.
© Nathalie LAURO
© Photo : BERLIN - Nathalie Lauro
Nathalie Lauro
Ecrivaine, poétesse et artiste numérique, Nathalie Lauro travaille à partir de ses photos shootings. Elle aime photographier les villes comme Berlin, Londres, Paris, Hambourg et Amsterdam mais sa spécialisation reste le sud, la Méditerranée, le soleil, les couleurs, les lumières et la Dolce Vita. Elle est par ailleurs présidente de l'association Luna Rossa.
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Sous les lumières de la ville
Sous les lumières de la ville
Tout un monde s’agite
Des passants bruyants
Des fêtards avinés
Des querelleurs professionnels
Des amoureux attardés
Des touristes en goguette
Il fait si beau dessous de faux soleil
On croise aussi parfois
Des animaux malfaisants
Qui ressemblent à des hommes
Porteurs de vils desseins
L’allure menaçante
Les crocs prêts à mordre
Quelques autos passent sans fin
La vie est agitée
La nuit est agitée
Sous les lumières de la ville
Alors tous les deux
Nous les amoureux
Nous nous serrons sans fin
L’un contre l’autre
En bénissant ces doux moments ensemble
Sous les lumières de la ville
En repensant au jour qui reluira
À d’autres nuits à venir
Quand notre amour s’y prépare déjà
Sous les lumières de la ville
© Michel MIAILLE
Michel Miaille (1951-aujourd'hui)
Poète, auteur de sketches et de pièces de théâtre, Michel Miaille est retraité du Ministère de l'environnement et membre de la SACEM. Il a obtenu plusieurs prix de poésie, notamment avec avec des poèmes en langue provençale, et participe à des anthologies. Il a publié plusieurs recueils.
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Clair-obscur (Citylights)

Entre soleil gisant
et lune en dentelle
se mêlent en pollution nocturne
les lampadaires dépareillés
les lumineuses enseignes
les veilleuses et les clignotants
qui se fracassent sur les murs effruités
et repartent en titubant
Entre les ombres persiennes
la ville noctambule
hurle de mille éclats
de ses paillettes
elle attise mes pénombreuses pensées
enfume
assourdit
aveugle
– ne disais-tu pas que l’amour l’est
aveugle –
Je cherche un crayon
un papier
tout reste introuvable
en la noirceur
– jusqu’à tes yeux
désétoilés –
Le souffle de la rime
ou de la prose
s’estompe dans les méandres de l’oubli
À la première étoile qui s’allume
meurt avant de naitre
ce premier poème avorton
improbable
– pont des soupirs entre deux amours étourdis
deux rêves évanouis –
Lors je remonte le cours du fleuve
– rive gauche insoumise –
avec ses feux follets
divaguant
Tu es déjà l’absente
tu n’auras pas de ronces roses
la porte est close
la marchande fanée
Notre-Dame incrédule
incrédible
notre amour tressaille
à la froidure de la nuit
vacille à la flamme d’un cierge
ainsi ta chair sous ma caresse boréale
En face
une ile sainte
– refuge incertain –
et la peur
l’horreur
du vide
Le jour
infidèle
nous prend par traitrise
en son vertige
tamise les dernières lumières de la ville
Je t’aime
osé-je dire
trop tard
© Henri BARON
HB © Autobiopoèmes, Fluctuat nec mergitur,
Paris, 21 novembre 2019 – 25 janvier 2020
Henri Baron (1967-aujourd'hui)
Henri Baron nait à La Rochelle en 1967.
L’écriture (poétique ?) lui est, depuis l’enfance, essentielle.
Pour lui, il n’existe pas une et unique définition de la poésie :
« La poésie est multiple.
Elle peut être lue silencieusement, lue ou dite à voix haute, chantée, dansée,
essinée, peinte, sculptée, théâtralisée, filmée.
La poésie est partage.
Partage de l'invisible, de l'inaudible, des sens enfouis.
Partage d'un pont bâti entre deux rives ou deux êtres.
La poésie est sensitive, solitaire ou collective, mais libre. Elle ne se marchande pas.
Elle ne s'épluche pas, ni ne se décortique. Elle ne s'explique pas, ou s'explique mille et une fois, de mille et une façons.
Elle source au cœur de tous les arts, elle les ressource.
Partage de vie, partage vital.
Essencielle. »
Après des études d'Histoire, il choisit le métier d'instituteur. Devenu en parallèle directeur de centres de vacances et de loisirs puis formateur d’animateurs et d’animatrices, il aime transmettre et partager son amour de la poésie. En 1992, il crée avec son ami Texieros le texte du spectacle "L’enfance et le funambule" (première à Sauxillanges) : https://youtu.be/LgdrogzeSuY.
Instituteur en Charente-Maritime jusqu’en 2000, bajocasse d’adoption, il travaille désormais à Paris comme directeur d’école et partage régulièrement ses Autobiopoèmes, fruits de ses multiples rencontres sur le blog : https://henribaron.wixsite.com/grabouillages.
En 2022, Magali Mo met en image quelques-uns de ses grabouillages ("Vidéopoèmes") : https://www.facebook.com/mo.fotografia.
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Haïkus sur la ville

griffes des néons
rues innervées d’échangeurs
ville au cœur noué
phares blancs nuit noire
reflets blafards aux trottoirs
sauts de flaque en flaque
néon cru sordide
noirs murs sales écaillés
secs les pas claquent
du jour naît le soir
aux toits des lueurs chancellent
à l’âme qui s’épelle
aux rougeurs du soir
se dressent les grues souillées
du ciel toujours rouillé
© Philippe MINOT
Philippe Minot (1965-aujourd'hui)
Après des études de Lettres à Paris et à Lyon, Philippe Minot entre dans l’enseignement et est actuellement professeur à Reims.
Il publie poèmes, haïkus et photographies, dispersés dans de nombreuses revues ou recueillis en volumes. On le retrouve par exemple dans ces revues, Plumages d’adages, proverbes, chez Chamboule-tout, Marches, haïkus, chez Le Nouveau Décameron (2024), et en volumes : Le Partir, haïkus, chez L’Echappée belle (2025), Terreaux, haïkus, chez Encres vives (2025), A l’allure du crabe, haïkus, chez Chloé des Lys (2025).
Solitude

Les lumières de la ville
Sous ses yeux sont tombés
Une nuit difficile
S’annonce dans ce quartier.
Il lui faut le quitter
Et retrouver les autres
Tous ceux qui l’ont guidée
Sont un peu ses apôtres.
Être femme dans la nuit
Veut dire dormir peu
Elle ne fait pas de bruit
Et elle fait de son mieux,
Pour qu’une fois apaisée
Et l’estomac rempli
La maraude passée
Elle sombre dans l’oubli.
Il y a peu de temps
Elle était une mère
Ils ont pris ses enfants
L’ont réduite en poussières.
Les lumières de la ville
Reflètent sa misère
La faucheuse est passée
Disparue la lumière.
La mort a commencé
Sa poursuite et sa chasse
Et des requins zélés
Aujourd’hui la pourchassent.
Et un soir de janvier
Les lumières de la ville
L’ont vu agonisée
Sur sa vie difficile.
© Myriam CLOWEZ
Myriam Clowez (1961-aujourd'hui)
Retraitée du secteur sanitaire et social, Myriam Clowez a toujours aimé la poésie et c'est surtout à l'adolescence qu'elle a écrit de nombreux poèmes. Aujourd'hui, elle profite de son temps libre pour participer aux concours de poésies.
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Mortes lumières

© Mokhtar EL AMRAOUI
Mokhtar El Amraoui (1955-aujourd'hui)
Poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Il est passionné de poésie depuis son enfance. Il a publié quatre recueils de poésie et plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur Internet et en revues-papier.
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Jeu de la pluie et de la lumière

Raconte-moi la ville !
Ses broderies de pierres et surtout ses lumières
Qui tremblent sous une pluie maussade et sous un ciel de traîne
Raconte-moi la ville !
Ses pavés mouillés devenus mosaïques de teintes colorées,
Ses vitrines arborant fièrement leurs couleurs,
Tel un long fleuve traversant la rue, de son écharpe vive.
Raconte-moi la ville !
La danse éphémère des parapluies qui s'ouvrent
Dans une chorégraphie libre et improvisée.
Rêve ou féerie la ville se maquille
De toutes les couleurs de l'arc-en-ciel
Et les affiches s'illuminent pour mieux
Attirer le chaland, plus tard quand la pluie aura cessé
Et que la nuit viendra jeter son manteau d’ombres
Les réverbères traceront de longs sillons jaunes
Le long de la chaussée et aux bords des trottoirs
Où les derniers passants, indifférents à ces jeux
De cache-cache entre la pluie et la lumière,
Fatigués de leur journée se hâteront de rentrer.
© Marie-José PASCAL
Marie-José Pascal (1952-aujourd'hui)
Marie-José Pascal écrit depuis l'enfance. Membre de l'association Le Capital des Mots, sociétaire de L'Académie internationale L'école de La Loire, elle a été publiée dans de nombreuses revues et anthologies : Humanisme Harmonie, Florilège, l'Etrave, Traversées, revue numérique des citoyens des lettres, anthologie Flammes vives, de l'Humain pour les Migrants. Elle a reçu le Prix Charles Péguy 2020. En 2021 : le prix Hubert Fillay 2021 pour le recueil « A deux voix » co-écrit avec Alain Morinais, le prix Jules Supervielle 2021 pour le recueil « Lanterne de papier », le prix Qualité des Arts. En 2023, le Prix Paul Verlaine et 2024, le Prix Jacques Prévert.
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Lumières éteintes

Enfant dans les bras de sa mère
Qui court dans les décombres.
Ne sachant où aller, elle erre
Sans but,dans la nuit sombre…
Lumières éteintes par la foudre de guerre.
Linceul d’une nuit
Recouvrant les misères
De vies anéanties.
L’enfant semble gémir,
Du sang sur sa chemise…
Dans Gaza la martyre,
Gaza qui agonise.
Le Monde des Puissants insensible à l’effroi
Laisse faire et se tait.
L’Histoire s’en souviendra,
Honte à eux à jamais.
© Pierre PAYSAC
Pierre Paysac (1948-aujourd'hui)
Fréquentant un atelier d'écriture depuis plus de dix ans, Pierre Paysac a publié son premier recueil, Errance, en 2021, aux éditions Persée. Son deuxième recueil est en cours d'édition. Il a par ailleurs participé au concours Poetika 2023 et l'un de ses textes a été remarqué par les membres du jury.
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Réverbères des sans-abris

Ils cheminent de porches en porches austères
Ou alors assis sur un banc en attendant la nuit.
Avec pour lumières de la ville des réverbères
Encerclés par des insectes nocturnes qui fuient.
Chacun à sa référence de Clichy à la République
C’est leur point de repère, un endroit symbolique.
Qu’ils adossent en espérant voir une autre contrée
Avec d’autres lumières sans avoir cette mendicité.
Les réverbères sont leurs étoiles dans cette pauvreté
Qu’ils prient le soir venu avec ferveur et sincérité.
Devant les vitrines des restaurants, ils sont mal vus
Avec leurs mains qui quémandent des repas perdus.
Alors, sur les trottoirs, ils installent un bout de carton
Pour passer leur faim qui tiraille leur corps moribond.
Allongés sur le sol, ils regardent la ville des lumières
En faisant un vœu, celui de sortir de cette galère.
© Jean-Marc LAINELLE
Jean-Marc Lainelle (1951-aujourd'hui)
Né en 1951 à Haveluy, une petite commune du Nord de la France. Jean-Marc Lainelle se découvre une passion pour la poésie grâce à son travail au cœur de la forêt de Saint-Amand-les-Eaux.
Quelques petites notes en 1995 sur un calepin de bûcheron vont très vite prendre de l'ampleur et le faire devenir poète par la force des choses.
Cette richesse poétique, qu’il partage autour de lui sans modération, lui vaut la reconnaissance dans de nombreux concours nationaux et internationaux de poésie. Il vient de publier son premier recueil : Poésie ma fidèle amie. En 2025, il remporte le Prix du Public au Concours
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Ville des lumières

Sur Lyon la brillante je dois tirer un trait.
Les nuits son ennuyeuses, manquent de tout attrait
Hier j’avais vingt-ans et la ville me tendait
Ses bras, ses mains, son cœur, elle m’ensorcelait
Les néons des vitrines aguicheurs m’invitaient.
Nous traînions dans les rues, nous vivions dans l’ivresse
Qui pour prendre un métro qui pour voir sa maîtresse
Les jours se suivaient le cœur plein d’allégresse
Ces temps sont révolus, la place est en détresse.
En berne les appâts des filles aux seins d’albâtre
Molière a déserté les planches du théâtre
La place des Célestins est triste comme plâtre.
Les rives de la Saône ne voient plus de chalands
Carabins et ses frères comme de vrais marchands
Nous serinent à l’envie que la mort nous attend.
© Claude DUSSERT
Extrait du recueil « Au rythme de ma Liberté »
Claude Dussert (1947-aujourd'hui)
Poète, nouvelliste et pamphlétaire à ses heures, Claude Dussert est diplômé du Conservatoire d’Arts Dramatiques de Grenoble. Cadre commercial, il a créé sa société de communication « CBCD » en 1993 à Lyon. Il vit actuellement en Bourgogne, dans la région de Cluny. Éclectique dans ses lectures, sa passion pour la poésie l’a amené à être membre de nombreuses associations. Il participe activement à plusieurs anthologies de poésie et ouvrages collectifs ainsi qu’à des concours. Il a édité à compte d’auteur cinq recueils de poésie et un recueil de nouvelles.
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Lumières liquides

Quand la nuit inonde les nues
Le canal se fait avenue :
Lors, dans la lente crue des ombres
Il plonge à nu dans la pénombre
Jusqu’au vieux café “Chez Léon” ;
L’onde noircie noie les néons,
En fractions ou bien en fractales,
Qui se répandent et puis s’étalent
En lents frissons tout frémissants
Coloris or, colibris sang.
Oui, ici, les enseignes saignent
En tons chauds, brûlants qui baignent
Des clapotis crus, crépitants,
Que le vent va émiettant.
Là, milles lueurs inconstantes
Et limpides, voire tentantes,
Teintent d’orange et de safran,
De roses froids, de verts francs,
Les halos d’une eau hier livide
À ces heures où les voies se vident.
La rumeur de la rue se meurt
En débris de bruits, en clameurs
En échos sourds tissant leur trame
Sur ces flots flous qui, fous, s’enflamment
Et coulent, las, sans mie courir,
Roulent leurs rides sans mourir.
Des éclaboussures blanches, ocres,
Des gouttes d’azur médiocre,
Y sombrent. Clartés éclatées
Écartelées ou dilatées…
À fleur d’eau, quelques boucles blondes
Dansent et se muent, fluides et se fondent.
Pourtant, toutes amarrées en rang
Portées aux nues par un courant
Rendu électrique, fières,
Partout, elles mettent en lumières
Les flots de notre vieux canal,
Étincelant dans son banal,
En brèves lignes asymétriques
Ou bien en cercles concentriques…
© Christian SATGÉ
Christian Satgé (1965-aujourd'hui)
Auteur prolifique, fabuliste et conteur éclectique, Christian Satgé est professeur d'histoire-géographie dans le département des Hautes-Pyrénées. Il a publié plusieurs recueils et plus d'une soixantaine de ses textes figurent dans Le Monde de Poetika. Son dernier recueil : Recadré paru chez 5 Sens Editions.
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Les lumières de la ville au soir

Les feux de la ville, les lampes des bateaux brillent comme un essaim de lucioles ;
Les nuages du soir déservent leur encre dans la nuit obscure.
Je me crois au plus haut des cieux,
Penchés pour voir parmi les hommes scintiller des rangées d'étoiles.
© Jian SHIQUAN
Traduction de A. Tang, extraite de l'Anthologie de la Poésie Chinoise Classique.
Jiang Shiquan (1725-1785)
Poète et écrivain chinois, Jiang Shiquan a composé plus de trois mille poèmes. Dramaturge, seize de ses pièces ont été préservées jusqu'à nos jours. Il fut aussi historien et un éminent lettré qui eut la charge de la bibliothuèque impériale à la fin de sa vie.
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La ville, la nuit

Dans la ville, la nuit,
Les lumières enchantent,
Les voitures, les bruits,
Les passants, les saisons ;
Et les hautes maisons
Sont comme des falaises
Au bord des rues magiques
Merveilles électriques ;
Néons couleur de fraises
De cerises vermeilles…
La ville est un verger
Et l’on pourrait manger
Les fruits de ses reflets !
© Georges JEAN
Georges Jean (1920-2011)
Georges Jean est un poète et essayiste français spécialisé dans le domaine de l'enfance. Après avoir étudié la philosophie, il se consacré à l'enseignement dans les domaines de la linguistique, de la poétique et de la sémiologie. Il a publié plus de 70 ouvrages dont des poèmes, essais et théories sur la poésie et la pédagogie.
Autres textes :
Pour construire un poème
L'école d'autrefois
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Paysage
Charles BAUDELAIRE

Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l’atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d’éternité.
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L’étoile dans l’azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
© Charles BAUDELAIRE
Charles Baudelaire (1821-1867)
Connu pour sa vie de bohême et poète torturé, il ne publia de son vivant qu'une seule oeuvre "Les Fleurs du Mal", recueil qui fut condamné et censuré dès sa sortie en 1857 car trop choquant pour la morale bourgeoise avant de passer à la postérité. Criblé de dettes, il séjournera durant deux ans en Belgique (1864-1866) pour y donner des conférences mais sa santé se dégrade. Il revient à Paris où il meurt un an plus tard à l'âge de 46 ans des suites de la syphilis, d'abus d'alcool et autres drogues.
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Ma ville est une joie

Bergues noble Cité, pur symbole de Flandre
Au plein cœur de nos champs si vastement fertiles,
Vents rugueux, tournoyant ces miasmes de marais,
Tempêtes miaulées aux cingles du Beffroi.
Jaillies hors de nos plaines, sur la Mer regagnées,
Ces maisons incurvant le fil calme des pierres.
Tuiles douces, rosies en ces nuances fines,
Epandant en cascade l'équilibre des plans.
Vestiges de mystique, l'Abbaye, tant d'églises,
Monuments survivant aux morsures des guerres ;
Et le cerne rugueux, traçant l'ancienne enceinte
Percée de portes mémorables...
Un soir rouillé évapore ma ville :
Pays du souvenir où les reflets s'allument.
Au soleil frisant d'or, l'agonie des murailles,
Sombre tragiquement en ténèbres de pourpre...
Alors s'endormiront et l'oiseau et la rue,
Gris-argent s'estompait la Nekerstorre étrange...
Ai-je vu par ces ombres aux joies d'un fier Passé,
Ces Reusen fabuleux, déambulé silence...
© Emmanuel LOOTEN
Emmanuel Looten (1908-1974)
Poète, dramaturge et critique littéraire français, Emmanuel Looten dirige à Bergues, sa ville natale, une entreprise de quincaillerie en gros avec son frère Charles. Après un premier recueil, À cloche-rêve, paru en 1939, il publie de nombreuses oeuvres mais surtout des recueils de poésie. Il s'intéresse passionnément à la peinture d'avant-garde. Sa poésie, largement influencée par la Flandre, est faite d'éruptions brutales, mais aussi de savantes inventions verbales, un mélange constant de puissance et de préciosité.
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Il est cinq heures Paris s'éveille

Je suis le dauphin de la place Dauphine Et la place Blanche a mauvaise mine Les camions sont pleins de lait Les balayeurs sont pleins de balais
Il est cinq heures Paris s'éveille Paris s'éveille
Les travestis vont se raser Les strip-teaseuses sont rhabillées Les traversins sont écrasés Les amoureux sont fatigués
Il est cinq heures Paris s'éveille Paris s'éveille
Le café est dans les tasses Les cafés nettoient leurs glaces Et sur le boulevard Montparnasse La gare n'est plus qu'une carcasse
Il est cinq heures Paris s'éveille Paris s'éveille
La Tour Eiffel a froid aux pieds L'Arc de Triomphe est ranimé Et l'Obélisque est bien dressé Entre la nuit et la journée
Il est cinq heures Paris s'éveille Paris s'éveille
Les banlieusards sont dans les gares À la Villette, on tranche le lard Paris by night, regagne les cars Les boulangers font des bâtards
Il est cinq heures Paris s'éveille Paris s'éveille
Les journaux sont imprimés Les ouvriers sont déprimés Les gens se lèvent, ils sont brimés C'est l'heure où je vais me coucher
Il est cinq heures Paris s'éveille Il est cinq heures Je n'ai pas sommeil
© Jacques DUTRONC
Paroles : Jacques Lanzmann / Jacques Dutronc / Anne Segalen (1968)
Jacques Dutronc (1943-aujourd'hui)
Chanteur, auteur-compositeur et acteur, Jacques Dutronc devient, par sa collaboration avec le parolier Jacques Lanzmann, une des célébrités notables de l'époque yéyé, notamment avec les tubes Et moi et moi et moi, Mini mini mini, Les Play Boys, Les Cactus, J'aime les filles, Il est cinq heures Paris s'éveille, L'Hôtesse de l'Air, L'Opportuniste et Le Petit Jardin.
En 1973, il entame une carrière d'acteur au cinéma, avec Antoine et Sébastien de Jean-Marie Périer. Il tourne par la suite pour, entre autres, Claude Lelouch, Andrzej Żuławski, Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Mocky, Claude Chabrol.
En 1992, il obtient le César du meilleur acteur pour Van Gogh de Maurice Pialat. Un César d'honneur lui est remis en 2005 pour l'ensemble de cette carrière.
En 2014 et 2017, il forme avec Eddy Mitchell et Johnny Hallyday le trio Les Vieilles Canailles.
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