UN Poète, une vie

Robert DESNOS (1900-1945)

Le prophète du surréalisme

Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos fréquente les milieux littéraires très tôt et adhère au mouvement surréaliste en 1922. Engagé dans la Résistance, au sein du réseau AGIR, il sera arrêté puis déporté dans plusieurs camps avant de mourir du typhus au camp de Theresienstadt en Tchécoslovaquie. 

Né à Paris, la famille de Desnos s'est d'abord installée dans le quartier populaire des Halles, puis déménage rue de Rivoli, un tout autre univers. Ce Paris interlope des artisans et des commerçants marque profondément l'enfant et apparaîtra abondamment dans son œuvre. Ses rêveries sont nourries par le spectacle insolite des rues, entre cloître Saint-Merri et Tour Saint-Jacques-la-Boucherie, et le monde varié des images que lui offrent aussi bien les affiches que les illustrations de l'Épatant et de l'Intrépide ou les suppléments illustrés du Petit Parisien et du Petit Journal. Mauvais élève, Desnos s'ennuie profondément et ne supporte pas le discours patriotique qui s'y développe. Il préfère lire Les Misérables de Hugo et s'embarquer avec les marins de Baudelaire. Il se passionne aussi pour la culture populaire et la bande dessinée.

Avec pour seuls bagages un certificat d’études acquis en 1913 et son brevet élémentaire, il décide de quitter l'école Turgot. Face à un père désireux de l'encourager à poursuivre ses études pour embrasser une carrière commerciale, il oppose son désir farouche de devenir poète. Obligé de se débrouiller tout seul, relégué — mais il le veut aussi — dans une chambre de bonne, il multiplie les petits boulots. On le trouve, un temps, commis dans une droguerie de la rue Pavée, mais le plus important est ailleurs : Desnos, buvant l'eau vive de ce qui s'offre à lui, se forge une solide et vaste culture autodidacte.

Dès 1918, il écrit ses premiers poèmes, dont certains sont publiés. Dès les années 1920, grâce à l'étonnant poète Louis de Gonzague-Frick, il est introduit dans les milieux littéraires modernistes. En 1922, il publie son premier livre, un recueil d'aphorismes surréalistes, intitulé Rrose Sélavy (inspiré du pseudonyme de l'artiste français Marcel Duchamp). Après son service militaire au Maroc en 1919, il rencontre le poète Benjamin Péret, qui l'initie au groupe Paris Dada et à André Breton, avec qui il se lie d'amitié. En tant que chroniqueur littéraire pour Paris-Soir, Desnos était un membre actif du groupe surréaliste et développait un talent particulier pour l'écriture automatique. Avec des écrivains tels que Louis Aragon et Paul Éluard, il constituerait l'avant-garde littéraire du surréalisme. André Breton a inclus deux photographies de Desnos dans son roman surréaliste Nadja. Bien que Breton, dans son Manifeste du Surréalisme de 1924, le loue pour être son 'prophète', Desnos désapprouve l'implication du surréalisme dans la politique communiste, ce qui provoque une rupture entre lui et Breton. Desnos a continué à travailler comme chroniqueur.

À partir de 1932, commence sa carrière à la radio avec une émission consacrée à Fantômas. Pendant ce temps, il se lie d'amitié avec Picasso, Hemingway, Artaud et John Dos Passos et publie également de nombreuses critiques sur le jazz et le cinéma. Durant cette période, il est aussi devenu de plus en plus impliqué dans la politique. Il a écrit pour de nombreux périodiques, notamment Littérature, La Révolution surréaliste et Variétés. Outre ses nombreux recueils de poèmes, il publie trois romans, Deuil pour deuil (1924), La Liberté ou l'Amour ! (1927) et Le Vin est Tiré (1943) ainsi qu'une pièce de théâtre, La place de l'Etoile (1928 révisée en 1944) et un scénario de film, L'Étoile de mer (1928), réalisé par Man Ray la même année.

Engagé contre le gouvernement de Vichy lors de la Seconde guerre mondiale, Robert Desnos lutte de façon clandestine pour le réseau de résistance AGIR. De juillet 1942 jusqu'à son arrestation, le 22 février 1944, il participe au réseau de résistance AGIR. Depuis Compiègne, il est déporté le 27 avril 1944 vers Flöha, via Auschwitz, Buchenwald et Flossenbürg. Épuisé par deux semaines d'une marche de la mort qui l'a amené fin avril 1945 à Theresienstadt, il meurt dans un Revier dantesque un mois après l'abandon du camp par les agents de la Sipo. Reconnu peu avant sa mort par un étudiant tchèque mobilisé, son corps est rapatrié en octobre et enterré au cimetière du Montparnasse.

Site officiel : https://www.robertdesnos.com/

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Desnos