Solitude
                                  
Silence et vide
                            Au ciel livide,
                          Le vol muet d'un tiercelet.                          
                          
Au long des haies,
                            Rouges de baies,
                          Le cri pensif d'un roitelet.                          
                          
Branches de cendre
                            Où l'on voit pendre
                          Les nids défaits des oiselets.                          
                          
Volutes lentes
                            Ourlant les pentes
                          De vagues remous violets.                          
                          
Flot de silence,
                            Qui se balance,
                          Où tant de clarté déferlait.                          
                          
Qu'elle s'esquive,
                            La voix pensive,
                          Preste du dernier roitelet.                          
                          
Qu'elle se taise,
                            Parmi la glaise,
                          La voix des sources sans reflet.                          
                          
Qu'elle s'éteigne,
                            La voix qui baigne
                          D'ombre les sombres serpolets.                          
                          
Silence et vide,
                            La Thébaïde
                            Où mon coeur muet se complaît.
                            
                          
© Marie DAUGUET 
                            (Novembre 1900) 
                          
                          
